Le portrait présuppose un dialogue. Parfois, sans paroles.

Ça peut suffire.
On se regarde, on est ensemble. Mais il y a des discussions, aussi. Je ne dis pas grand-chose. Bonjour ... je suis Masha, l’artiste. Je suis heureuse de vous voir. Asseyez-vous.
Souvent c’est juste un début.

Je prends une grande inspiration, je regarde. Il arrive quelque chose de bouleversant pendant que je travaille. La personne en face de moi me parle. Je comprends que le regard que je porte sur elle est ...inédit. Infiniment plus intense et long, que les regards autorisés entre êtres humains. Comment et dans quelles circonstances regarde-t-on l’autre aussi intensément pendant une heure ?


Nous ne sommes pas du tout habitués à être regardés.

Nous sommes cachés dans nos bulles protectrices et cet échange de regards infinis ne peut pas exister en temps normal. Sauf maintenant... Sauf pour un portrait...Le rythme du travail était difficile à décrire. Il y avait une telle densité d’émotion et de concentration de ma part et un tel échange avec mes modèles, que nous arrivions à une forme de catharsis, un portrait devenant témoin de ce moment hors du temps passé ensemble, à se regarder, à échanger véritablement.


C’est là, en travaillant pour mes modèles, en les écoutant, en les regardant essuyer leurs larmes ou rire, j’ai compris que mon projet avait un sens véritable.
J’allais créer une communauté de visages.   
Made on
Tilda